1. Sur la consultation du CSE
2. Sur l’application du protocole
3. Sur le contenu
Ce 25 février 2021 se tenait une réunion ordinaire du CSE de Captrain France. Suite à l'entrée en vigueur du protocole congés 2021, qui a fait l'objet d'un tract SUD-Rail, voici la déclaration de la délégation des éluEs SUD-Rail au CSE, qui a été lue en séance et qui sera annexée au procès verbal.
SUD-Rail prend acte de l’adoption du protocole congés 2021 lors de la réunion du CSE du 28 janvier 2021, au point « Information et consultation concernant la mise en oeuvre du protocole congés », mais souhaite porter à l’attention de la direction, des membres éluEs du CSE et des salariéEs, quelques remarques.
Sur la consultation du CSE
Suite aux discussions en séance, SUD-Rail a demandé un délai de quelques jours afin de se mettre en mesure de rendre un avis motivé. La direction a manifesté son insatisfaction en rappelant que la consultation était prévue à l’ordre du jour, qu’elle attendait donc un avis ce jour-là, qu’elle était tenue par des délais restreints du fait de l’information à porter à la connaissance des salariéEs concernant les périodes de prise de congés, qu’elle ne comprenait pas comment il était possible d’émettre un avis hors séance, et qu’il conviendrait de ne plus procéder de la sorte à l’avenir.
Nous rappelons donc que l’Article L. 2312-15 du Code du travail prévoit que, dans l’exercice de ses attributions consultatives, le CSE doit disposer, pour émettre ses avis et ses voeux, « d’un délai d’examen suffisant » ; que l’article 7 de l’accord d’entreprise de mise en place et de fonctionnement du CSE fixe ce délai, pour une consultation ponctuelle telle que celle sur le protocole congés 2021, à 15 jours calendaires à compter de la communication du document par l’employeur.
La direction ayant communiqué le projet de protocole congés aux membres du CSE en date du 22 janvier 2021, ces derniers disposaient donc d’un délai courant jusqu’au 6 février 2021 pour émettre leurs avis.
Par conséquent, ce n’était pas aux éluEs de s’empresser de donner des avis hâtifs, mais à la direction de prendre ses dispositions : si elle souhaitait des avis au plus tard à la séance du 28 janvier, elle aurait dû communiquer son projet au moins le 13 janvier.
Par conséquent encore, les éluEs sont en droit, à l’avenir, de prendre le délai suffisant pour rendre leurs avis et voeux motivés.
La direction a par ailleurs laissé entendre qu’en cas d’avis défavorables de la majorité des membres éluEs du CSE, elle serait contrainte de renoncer à son projet de protocole pour revenir aux notifications réglementaires passées, faisant ainsi croire qu’un avis du CSE a valeur de décision patronale.
Nous rappelons donc que ce même Article 2312-15 du Code du travail prévoit que « l'employeur rend compte, en la motivant, de la suite donnée aux avis et voeux du comité ». Autrement dit, en aucun cas un avis majoritaire du CSE a une quelconque valeur coercitive, comme si cette instance co-dirigeait l’entreprise : l’employeur reste toujours libre de le suivre ou non.
Par conséquent, de deux choses l’une : si la direction souhaite dorénavant suivre systématiquement les avis majoritaires du CSE, qu’elle nous le dise ! Car ce serait un colossal progrès révolutionnaire qui recueillerait notre éternelle admiration… Si, en revanche, la direction avait une parfaite connaissance de cette disposition légale (ce que nous pensons), alors elle a procédé tranquillement à un chantage fallacieux…
Sur l’application du protocole
Les délais imposés aux salariéEs pour communiquer leurs souhaits de départ en congés pour les périodes 1 et 2 (1er mars 2021 – 30 avril 2021 et 1er mai 2021 – 31 octobre 2021), dont les dates limites sont fixées respectivement au 14 et au 28 février, sont bien trop courts. Il est fort probable que peu de souhaits soient formulés dans les temps, ce qui rend caduques les critères de détermination de l’ordre des départs et annihile tout effet positif qu’était censé apporter ce protocole. Là encore, il aurait été souhaitable que la direction anticipe en soumettant son projet au moins pour la réunion du CSE de décembre 2020.
Qui plus est, nous sommes en mesure de dire que le délai d’information des salariéEs concernant les périodes de prise de congés, et en l’occurrence la période 1 (1er mars 2021 – 30 avril 2021) n’a pas été respecté. L’Article D. 3141-5 du Code du travail prévoit que « La période de prise des congés payés est portée par l'employeur à la connaissance des salariés au moins deux mois avant l'ouverture de cette période ». Or, la plupart des salariéEs de l’entreprise n’avait toujours aucune information au moins au 9 février 2021, souvent plus tard encore.
De même, l’Article D. 3141-6 du Code du travail prévoit que « L'ordre des départs en congé est communiqué, par tout moyen, à chaque salarié un mois avant son départ ». Cette disposition est rendue quasiment inapplicable pour cette période 1.
Par ailleurs, dans cette information tardive, il est à déplorer la communication diverse et variée selon les sites d’un certain nombre de fausses informations ne correspondant aucunement au contenu du protocole. Ainsi, nous avons pu constater par exemple que :
- « Pour la période 1 : 2 semaines calendaires de CP à poser avant le 28⁄02 », alors que pour cette période, les éventuels souhaits restent à la libre volonté des salariéEs ;
- « Pour la période 2 : si pas de retours avant la date butoir, les accords se feront à ceux qui ont demandé en premier », alors que ce n’est pas ce que prévoit le protocole ;
- « Pour la période 3 : 2 semaines calendaires de CP à poser avant le 31⁄08 », alors que pour cette période, les éventuels souhaits restent à la libre volonté des salariéEs ;
- « Les demandes de placement en CET ne devront être adressées qu’au dernier trimestre 2021 », alors que ce n’est pas prévu dans le protocole et c’est contraire à l’accord d’entreprise qui réglemente le CET.
Il est regrettable que sur la plupart des sites le protocole n’ait pas été affiché (et ne l’est toujours pas à ce jour) ou transmis aux salariéEs, comme le demandait SUD-Rail, et la question se pose donc de savoir à quoi bon mettre en place un protocole congés 2021 si ce sont finalement d’autres règles qui sont appliquées.
Sur le contenu
L’Article L. 3141-13 du Code du travail prévoit que « Les congés sont pris dans une période qui comprend dans tous les cas la période du 1er mai au 31 octobre de chaque année ». Nous réaffirmons, en dépit de celle de la direction, notre position selon laquelle le Code du travail permet de définir une période de prise de congés pouvant s’étaler sur toute l’année, la seule exigence étant de couvrir la période 1er mai – 31 octobre.
Dans la mesure où ce protocole congés déroge (à bon escient) à l’accord d’entreprise de révision et d’harmonisation sociale du 17 novembre 2016, en définissant de nouvelles périodes de prise de congés, nous sommes, selon nous, dans le cadre de l’Article L. 3141-16 du Code du travail qui permet de définir la période de prise de congés après avis du CSE.
Par conséquent, en vertu de cet article, nous réaffirmons, en dépit de la réponse motivée de la direction en date du 1er février suite aux avis des éluEs du CSE, que les critères de détermination de l’ordre des départs doivent s’appliquer pour l’ensemble des périodes de prise des congés ainsi définies par ce protocole, et que donc, les salariéEs ne peuvent en être léséEs.
Enfin, nous souhaitons faire connaître une ultime réflexion non évoquée lors de la réunion du CSE du 28 janvier, selon laquelle il aurait été souhaitable de mieux définir les manières dont « tout congé non pris au 31 décembre 2021 sera perdu ». En effet, l’employeur ayant tout droit d’imposer des congés payés annuels, il a la charge de s’organiser de sorte que les salariéEs puissent bénéficier de leurs droits aux congés payés annuels. Or, il est difficilement acceptable que des congés payés annuels puissent être « perdus » alors qu’ils ont été acquis.
L’Article L. 3141-22 du Code du travail prévoit la possibilité du report. Il aurait été salutaire d’en faire mention dans le protocole. De même qu’il aurait été salutaire de préciser que si le report des congés n'eut été possible, les jours de congés non pris soient indemnisés si le ou la salariéE n'a pas pu prendre tous ses congés du fait de l'employeur.
Au motif de tout ce qui précède, SUD-Rail demande pour le premier semestre 2022 l’ouverture de négociations en vue d’aboutir à un accord d’entreprise sur la prise des congés payés dans l’entreprise.