1. Qu’est-ce que l’intéressement ?
2. Les négociations en cours
2.a. L’intéressement sur les résultats financiers
2.b. L’intéressement à la qualité / sécurité
3. Liste des types d'événements
Dans notre entreprise, il existe depuis plusieurs années un accord d'intéressement, renouvelé tous les trois ans. Il se décline en deux « primes » : une sur les résultats financiers de l'entreprise – versée une fois par an si les objectifs financiers de l’année précédente sont atteints –, l'autre sur les performances en matière de qualité / sécurité – versée par site tous les 4 mois si les objectifs du quadrimestre précédent sont atteints par l’ensemble global des salariéEs affectéEs sur le site.
L’accord d’intéressement actuel a pris fin au 31 décembre 2020. Les éventuels intéressements versés cette année 2021 prendront en compte les résultats de l’année 2020. Pour que les éventuels intéressements versés en 2022 puissent prendre en compte les résultats de 2021, un accord d’intéressement doit être signé dans les prochaines semaines.
C’est pourquoi, actuellement, la direction et les Organisations Syndicales (OS) de l’entreprise négocient l’éventuel prochain accord d'intéressement. Or la direction veut transformer radicalement cet accord. Explications.
Qu’est-ce que l’intéressement ?
Pour commencer, chacunE doit savoir en quoi consiste un intéressement. L’intéressement a pour objet d'associer collectivement les salariéEs aux résultats et/ou aux performances de l'entreprise.
- Il présente obligatoirement un caractère aléatoire (on ne peut connaître le montant à l'avance et ce dernier doit pouvoir être de 0 si les objectifs ne sont pas atteints) et résulte d'une formule de calcul liée à ces résultats ou performances. Tout accord qui fixe des objectifs sans caractère d’amélioration, de sorte que les salariéEs sont assuréEs de percevoir l’intéressement quels que soient les résultats ou performances, est illégal.
- Il est obligatoirement calculé sur des résultats collectifs. Tout accord d’intéressement qui se fonde sur des résultats individualisés est illégal.
- Il est facultatif (contrairement à l'accord de participation qui est obligatoire).
- Pour être mis en place, il doit faire l’objet d’un accord d’entreprise, donc être signé par un nombre suffisant d’OS constituant une majorité représentative. A défaut d’OS, un accord d’intéressement peut être conclu avec le CSE.
L'entreprise est totalement exonérée de cotisations sociales sur les sommes versées aux salariéEs dans le cadre de l'intéressement. Les « primes » perçues ne sont pas des Eléments Variables de Salaire (EVS), ne sont pas du salaire. C'est exactement comme être payé « au black », sauf que c'est légal. C'est un dispositif mis en place par le patronat pour détruire la sécurité sociale.
Par définition, les salariéEs sont perdantEs au global, comparé à un élément de salaire, si on considère seulement la pension de retraite diminuée et les frais de santé augmentés, mais encore les allocations familiales diminuées, l'indemnité chômage diminuée le cas échéant, etc. C’est bien la raison pour laquelle, historiquement, la CGT s’est battue pour fonder et défendre pendant 75 ans un système de sécurité sociale qui, par définition, va dans l’immense intérêt des salariéEs.
Les entreprises qui mettent en place l'intéressement bénéficient des avantages fiscaux suivants :
- Déduction du bénéfice imposable des sommes versées dans le cadre de l'intéressement ;
- Exonération de taxes sur les salaires, de taxes d'apprentissage et de participations à la formation continue et à la construction ;
- Déduction du bénéfice imposable de la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat ;
- Sous certaines conditions, et si les sommes sont versées dans le cadre d'un plan d'épargne salariale, droit de constituer une provision pour investissement. Cette provision ne doit pas dépasser 50 % des sommes versées par l'entreprise pour compléter l'intéressement, lorsqu'il est inférieur au plafond légal.
C'est donc un dispositif qui contribue aussi à détruire les services publics.
Lorsque l’intéressement est versé, si le ou la salariéE souhaite obtenir le versement immédiat de la somme (en totalité ou en partie), il ou elle doit le demander dans un délai de 15 jours à partir de la date à laquelle il ou elle est informéE du montant qui lui est attribué. Si on ne demande pas le versement immédiat de la somme, celle-ci est automatiquement placée sur un Plan d’Épargne d'Entreprise (géré par Amundi dans notre entreprise), qui permet à l'entreprise de faire ce qu'elle veut avec notre argent, et en l'occurrence de jouer en bourse (au risque de tout perdre), en échange de quoi les sommes placées ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu.
Quoi qu’il en soit, les sommes reçues sont soumises aux contributions sociales (CSG et CRDS), c'est-à-dire imposables à la source par les seules contributions où seulEs les salariéEs paient et pas le patron.
Si un accord est conclu, il est établi pour une durée comprise entre 1 et 3 ans.
En somme, la nature même de l’intéressement ne va pas dans l’intérêt des salariéEs. C’est pourquoi SUD-Rail a commencé par proposer que les sommes potentiellement allouées à l’intéressement soient plutôt versées aux salariéEs dans un autre cadre, sous forme de primes transformées en éléments de salaire, ce qui implique pour l’employeur de cotiser. Mais cette proposition a été rejetée à la fois par la direction et par les autres OS (CGT et UNSA).
Afin de ne pas léser les salariéEs qui, depuis de nombreuses années, ont toujours connu un accord d’intéressement dans l’entreprise, et parfois perçu des sommes non négligeables, SUD-Rail se dit malgré tout prête à négocier un nouvel accord d’intéressement, dans l’objectif de faire profiter, tant que faire se peut, les salariéEs des bons résultats de l’entreprise, les résultats étant « bons » avant tout grâce au travail des salariéEs. Mais, jusqu’à présent, le projet de la direction est pour le moins… dégradant.
Les négociations en cours
En vertu des précédents accords d’entreprise, l’intéressement global résulte d’une part d’un intéressement sur les résultats financiers et d’autre part d’un intéressement sur les performances en matière de qualité et de sécurité. Voici le bilan de cet intéressement global de 2015 à 2019 :
L’intéressement sur les résultats financiers
Selon le précédent accord d’intéressement, l’intéressement sur les résultats financiers était calculé par tranche, selon un pourcentage sur le résultat net d’exploitation de l’année N-1.
Pour le prochain accord, la direction veut changer la formule de calcul. Cet intéressement ne serait plus calculé sur le résultat net d'exploitation mais par rapport à la Marge Opérationnelle prévue au budget (MOP), c’est-à-dire le résultat brut d'exploitation, ce qui fait que les investissements et amortissements (achat de locomotives, litiges avec les clients, etc.) ne viendraient plus impacter le montant de cet intéressement. Il serait désormais fixé forfaitairement en fonction du niveau de MOP réel.
Ce qui donnerait, en l’état actuel des négociations :
- de 80% à 99% MOP / budget = 800 euros par salariéE ;
- de 100% à 109% MOP / budget = 1000 euros par salariéE ;
- de 110% à 119 % MOP / budget = 1100 euros par salariéE ;
- à partir de 120 % MOP / budget = 1200 euros par salariéE.
SUD-Rail a demandé l’ajout de paliers supplémentaires (un palier tous les +5%) et une augmentation des montants (1000 euros par salariéE à 90% MOP / budget jusqu’à 1600 euros à 120%, ce qui aurait fait 100 euros supplémentaires par palier de +5%), mais la direction refuse d’augmenter les montants, et a concédé simplement d’ajouter seulement deux paliers supplémentaires : un à 80% et un autre à 110%.
A première vue, on pourrait penser que cette nouvelle formule de calcul est à l’avantage des salariéEs, mais une simulation comparative sur les 7 dernières années (de 2013 à 2019) montre le contraire :
Au global, si on se fie à l’historique, chaque salariéE aurait perçu légèrement moins avec la nouvelle formule. La direction affirme qu'on serait gagnant sur les prévisions des résultats 2020 et 2021 (qu'on ne connaît pas encore) ...
A noter également qu’avec cette nouvelle formule, un plafond est de fait instauré. AucunE salariéE ne pourrait percevoir plus de 1200 euros, quand bien même les résultats financiers de l’entreprise dépasseraient les 150% MOP / budget (comme en 2013, par exemple) ou bien auraient permis, selon l’ancienne formule, de faire monter en théorie le montant cumulé de l’intéressement et de la participation jusqu’au tiers du résultat d’exploitation de l’exercice, et donc potentiellement bien au-dessus des 1200 euros (seuil dépassé en 2015, par exemple).
La différence entre les deux formules étant faible, SUD-Rail est prête à faire confiance aux prévisions des années à venir et, prenant en compte l’intention de la direction d’investir prochainement dans des EM électriques, est prête à accepter la nouvelle formule de calcul, à condition de réévaluer les montants jusqu’à 1400 euros et d’instaurer des paliers supplémentaires dès 60% MOP / budget. Ce qui donnerait :
- de 60% à 69 % MOP / budget = 800 euros par salariéE ;
- de 70% à 79% MOP / budget = 900 euros par salariéE ;
- de 80% à 89% MOP / budget = 1000 euros par salariéE ;
- de 90% à 99% MOP / budget = 1100 euros par salariéE ;
- de 100% à 109% MOP / budget = 1200 euros par salariéE ;
- de 110% à 119 % MOP / budget = 1300 euros par salariéE ;
- à partir de 120 % MOP / budget = 1400 euros par salariéE.
L’intéressement à la qualité / sécurité
Selon le précédent accord d’intéressement, l’intéressement à la qualité / sécurité était calculé par site. Afin de mettre fin aux disparités constatées entre sites, puisque les salariéEs affectéEs sur des sites nombreux en personnel ne percevaient jamais cet intéressement contrairement aux « petits » sites, cet intéressement à la Q/S serait désormais calculé au périmètre de l’entreprise, tous sites et toutes activités confondues.
SUD-Rail partage le constat de l’injustice que constitue le périmètre « site ». Et dans la mesure où il est illégal d’individualiser dans le cadre d’un intéressement – il faudrait sortir cette prime de l’intéressement et en faire un EVS, ce qui a été refusé par la direction, la CGT et l’UNSA –, même s’il peut paraître inéquitable que par exemple le métier de conducteur/trice impacte l’intéressement des OFI et réciproquement, SUD-Rail est prête, dans cette négociation, à faire un pas vers la direction sur ce point, cette nouvelle formule ayant au moins l’intérêt de rendre l’ensemble des salariéEs de l’entreprise solidaires, au lieu de nous diviser par activité.
Selon le précédent accord d’intéressement, cet intéressement était calculé au titre de chaque quadrimestre civil, versé en juin pour le premier quadrimestre, en octobre pour le second et en février pour le troisième. Afin de rendre le montant de cet intéressement « plus significatif », il serait désormais calculé selon une périodicité annuelle et donc versé en une seule fois par an (vers le mois de mai).
SUD-Rail a bien conscience que cette nouvelle formule de la direction a pour conséquence, d’une part, de mettre fin aux petites sommes régulières (tous les 4 mois) que pouvaient percevoir les salariéEs et qui permettaient éventuellement d’arrondir les fins de mois, notamment pour les plus bas salaires, et, d’autre part, de réduire potentiellement les chances de percevoir un peu d’intéressement puisque, dans l’hypothèse où un quadrimestre était très mauvais et un autre très bon, les salariéEs percevaient au moins pour un quadrimestre, alors qu’avec cette nouvelle formule, si la moyenne de l’année est mauvaise, il n’y aura pas d’intéressement, quand bien même un quadrimestre aura été bon. Mais SUD-Rail est prête, dans cette négociation, à faire un autre pas vers la direction sur ce point, cette nouvelle formule ayant non seulement l’intérêt de représenter une prime plus conséquente vers le mois de mai (à la manière de la prime de fin d’année), mais surtout ne dépend en réalité que des critères et des objectifs qui seront pris en compte dans le calcul de cet intéressement, de sorte que le passage à une périodicité annuelle n’aurait aucun impact.
Enfin, selon le précédent accord, cet intéressement à la Q/S était calculé selon deux critères : le nombre d’incidents (critère C1) – quasi-incidents, incidents et accidents à responsabilité exclusive de l’entreprise – d’une part, et le nombre d’accidents du travail avec arrêt (critère C2) – hors accidents de trajets – d’autre part.
Pour le critère C1, une valeur (0, 0.5, ou 1) était attribuée à chaque événement sécurité. Et le montant de l’intéressement était calculé en fonction de la valeur cumulée sur le quadrimestre pour le site. L’objectif pour chaque site était donc de ne pas dépasser, au pire, une valeur cumulée de 1,5 sur le quadrimestre. Si la valeur cumulée des incidents sur le quadrimestre était inférieure à 1, touTEs les salariéEs du site percevaient un intéressement de 120 euros en fonction des effectifs Equivalents Temps Plein (ETP) ; pour une valeur cumulée de 1 ou 1,5, ils et elles ne percevaient que 60 euros en fonction des ETP ; et à partir d’une valeur de 2, plus rien.
Pour le critère C2, l’objectif pour chaque site était de ne pas dépasser 0 accident du travail sur le quadrimestre, auquel cas les salariéEs du site percevaient un intéressement de 90 euros en fonction des ETP.
Pour le prochain accord, la direction veut prendre en compte, non plus deux, mais quatre critères distinctifs et cumulatifs, avec chacun son objectif et son montant associé : le nombre de blessés graves (critère 1), le nombre d’événements graves (critère 2), le taux de gravité des accidents du travail (critère 3) et le nombre d’événements sécurité (critère 4).
Pour le critère 1, unE blesséE est considéréE être dans une situation grave lorsque l'événement professionnel à l'origine de ses blessures entraîne son hospitalisation au moins 24 heures. Pour ce critère, l'objectif à atteindre serait de 0 blesséE grave sur l’année, auquel cas chaque salariéE percevrait 75 euros. Autrement dit, si, dans l’année, unE seulE salariéE fait l’objet d’une hospitalisation d’au moins 24 heures à la suite d’un événement professionnel à responsabilité Captrain, touTEs les salariéEs de l’entreprise seront privéEs d’un intéressement de 75 euros.
Pour le critère 2, un événement est considéré comme grave lorsqu'il aurait pu avoir des conséquences humaines collectives (nombreux/ses blesséEs graves et/ou plusieurs mortEs). Pour ce critère, l'objectif à atteindre serait de 0 événement grave sur l’année, auquel cas chaque salariéE percevrait 75 euros. Autrement dit, si, dans l’année, unE seulE salariéE est responsable d’un événement sécurité qui aurait pu faire de nombreux/ses blesséEs et/ou plusieurs mortEs, touTEs les salariéEs de l’entreprise seront privéEs d’un intéressement de 75 euros.
Pour le critère 3, le taux de gravité représente le nombre de journées indemnisées pour 1 000 heures travaillées. Il est représentatif de la gravité d'un accident : plus l'accident est grave, plus le nombre de jours d'arrêt est long ; plus il y a de jours d’arrêt de travail suite à un accident du travail dans l’année, plus le taux de gravité augmente. D'après la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, ce taux est préoccupant lorsqu'il est supérieur à 0,5. Pour ce critère, l'objectif à atteindre serait un taux de gravité inférieur ou égal à 0,4, auquel cas chaque salariéE percevrait 150 euros. Autrement dit, si, à la fin de l’année, le nombre cumulé par les salariéEs de jours en arrêt suite à un accident du travail fait dépasser le taux de gravité de 0,4, touTEs les salariéEs de l’entreprise seront privéEs d’un intéressement de 150 euros.
Enfin, pour le critère 4, le nombre d'événements sécurité comptabilisé chaque année au sein de l'entreprise correspond à celui présenté dans le cadre du bilan social. Ce nombre d'événements sécurité concerne tous les quasi-incidents, incidents et accidents à responsabilité Captrain, sur toutes les activités de l’entreprise.
Un quasi-incident est un « évènement qui, dans d’autres circonstances ou associé à d’autres faits, aurait pu provoquer un incident ou un accident ».
Un incident est un « évènement ayant des conséquences sur la sécurité, la production et/ou ayant provoqué des conséquences matérielles sans gravité (réparation mineure, remise en état immédiate…) ».
Un accident est un « évènement sécurité ayant provoqué des conséquences graves (dégâts matériels importants, atteinte aux personnes, à l'environnement) ».
Voici la longue liste des types d’événements relevant potentiellement de l’une, de deux ou de ces trois catégories (selon la situation de l’événement) et qui, à condition d’être à responsabilité Captrain, seraient comptés dans le nombre d’événements sécurité impactant l’intéressement à la Q/S.
Liste des types d'événements
Exploitation*
Conduite*
Matériel*
Manutention*
Production*
Circulation*
Infrastructure SI/ITE*
Sécurité du personnel*
Divers*
* Tableau extrait du RA210, modifié pour ne conserver que ce qui concerne le présent sujet.
Pour ce critère 4, l'objectif à atteindre serait un nombre d'événements sécurité inférieur ou égal à 70, avec un palier supérieur : si le nombre est supérieur à 70 mais inférieur ou égal à 80, chaque salariéE percevrait 265 euros ; et si le nombre est inférieur ou égal à 70, chaque salariéE percevrait 350 euros. Autrement dit, si, à la fin de l’année, la somme des quasi-incidents, incidents et accidents à responsabilité Captrain, toutes activités confondues, dépasse 80, touTEs les salariéEs seront privéEs d’un intéressement de 265 euros et a fortiori de 350 euros.
Afin de se faire une idée de l’impact de ces quatre critères sur le versement de l’intéressement à la Q/S, voici un récapitulatif des chiffres dont dispose la direction sur les dernières années pour chacun de ces critères.
Pour SUD-Rail, dans l’ensemble, les objectifs sont trop ambitieux et, en l’état, priveraient les salariéEs de sommes considérables en réduisant trop souvent l’intéressement à la Q/S à quelques dizaines d’euros par salariéE.
Concernant le critère 1, la direction n'est pas sûre du nombre de blesséEs graves sur les dix dernières années (autant dire que c'est sans doute plus) ; or, sur les trois cas répertoriés (2011, 2014 et 2017), on sait notamment que deux ont donné lieu à plusieurs années d'arrêt de travail, ce qui impacte considérablement le critère 3 par effet de doublon. Car ce critère 1 fait en effet doublon avec le critère 3 : un même fait sécurité occasionnant unE blesséE grave impacterait les deux critères en mettant fin à la possibilité d’atteindre l’objectif du critère 1 et en réduisant simultanément les possibilités d’atteindre l’objectif du critère 3. On peut même dire qu’il fait triplon, faisant également doublon avec le critère 4, puisqu’unE blesséE grave à la suite d’un événement professionnel à responsabilité Captrain réduit forcément simultanément les possibilités d’atteindre l’objectif du critère 4, dans la mesure où il constitue également un événement sécurité supplémentaire. On peut même supposer fortement qu’il fasse quadruplon, puisqu’il mettrait sans doute fin également à la possibilité d’atteindre l’objectif du critère 2, un événement à responsabilité Captrain ayant causé unE blesséE grave étant sans aucun doute compté comme événement grave.
Concernant le critère 2, les chiffres montrent que l’objectif est rarement atteignable. D’autant plus que la définition (« un événement est grave lorsqu'il aurait pu avoir des conséquences humaines collectives ») laisse une place considérable à l’interprétation. Il est difficilement acceptable de condamner une personne, et en l’occurrence touTEs les salariéEs de l’entreprise, pour des faits qui auraient pu se produire mais qui ne se sont pas produits (parfois même grâce, précisément, à une bonne réaction de la personne fautive). Par ailleurs, ce critère 2 fait également doublon avec le critère 4 : un même événement sécurité, s’il est jugé grave, impacterait les deux critères en mettant fin à la possibilité d’atteindre l’objectif du critère 2 et en réduisant simultanément les possibilités d’atteindre l’objectif du critère 4.
Concernant le critère 3, les chiffres des dix dernières années montrent que l’objectif est quasiment inatteignable. Plus grave, ce critère incite à ne pas déclarer les accidents du travail, ce qui est une manière de contourner la responsabilité de l’employeur en matière de sécurité. Par appât du gain que constitue l’intéressement, les salariéEs sont pousséEs à ne pas se déclarer en accident du travail (mais plutôt en arrêt maladie non professionnelle par exemple), quand bien même un accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail, quelle qu'en soit la cause, doit être considéré comme accident du travail. Au-delà du fait que le ou la salariéE, dans une telle méprise, est perdantE, ne serait-ce qu’en termes d’indemnités, l’employeur, lui, se voit ainsi déchargé de toute responsabilité qui pourtant lui incombe en cas d’accident du travail.
De même, les critères 2 et 4 incitent à ne pas déclarer les événements graves potentiellement « masquables », ce qui est à nouveau une manière de contourner la responsabilité de l’employeur en matière de sécurité.
Concernant le critère 4, les chiffres des douze dernières années montrent que ces objectifs sont rarement atteignables. D’autant plus que la direction fait entendre depuis quelques mois que le carnet de commande de l’entreprise ne va cesser de se remplir. Un nombre de trafics en augmentation suppose presque inévitablement un nombre d’événements sécurité en augmentation.
Tous ces critères favorisent un climat social délétère entre les salariéEs qui se reprochent mutuellement d’avoir été victime d’un accident du travail ou responsable d’un événement sécurité, et donc d’avoir potentiellement privé les collègues d’un intéressement, ce qui contribue à rendre responsables les salariéEs en matière de sécurité, alors que seule la politique de l’employeur en matière de conditions de travail et de sécurité est responsable des accidents du travail et souvent cause des événements sécurité (temps de repos, amplitudes, etc.).
Pour nous, ces critères sont contraires aux principes de prévention en matière de sécurité prévus par le Code du travail, et font porter la responsabilité de la sécurité sur les salariéEs alors que seul l’employeur est responsable, quand bien même un arrêt de la Cour de Cassation du 24 septembre 2002 a rendu légal ce genre d’intéressement, prenant le contre-pied de toutes les jurisprudences précédentes.
Enfin, pour nous, ces critères sont discriminants dans la mesure où ils privent les salariéEs d’un intéressement sur des critères liés aux conditions de travail et à la politique de l'entreprise en matière de sécurité dont elle est seule responsable.
Au motif de tout ce qui précède, SUD-Rail a demandé, au pire, la conservation dans l'intéressement à la Q/S uniquement du critère 4 concernant le nombre des événements sécurité, et donc la suppression des trois autres critères. Par conséquent, pour ce critère 4, nous avons demandé une réévaluation du montant et du nombre d’événements :
- Un montant de 730 euros pour un nombre d’événements sécurité compris entre 70 et 90 ;
- Un bonus de 200 euros si le nombre d’événements est inférieur à 70.
Malheureusement, la direction et les autres OS (CGT et UNSA) tiennent à conserver ces quatre critères.
SUD-Rail demandera à nouveau la suppression des critères 1, 2 et 3, ainsi qu’une réévaluation des montants, du nombre d’événements et de la nature des événements à prendre en compte :
- Un montant de 730 euros pour un nombre d’événements sécurité compris entre 70 et 85 (moyenne de 2015 à 2019) ;
- Un bonus de 200 euros si le nombre d’événements est inférieur à 70 ;
- La prise en compte uniquement des incidents et accidents à responsabilité Captrain, et non des quasi-incidents qui, par définition, n’ont pas causé de problème de sécurité dans les faits ;
- La prise en compte de la liste des événements figurant en annexe du précédent accord d’intéressement, et non celle figurant au RA210, avec la conservation des valeurs 0,5 et 1.
La prochaine réunion de négociations est prévue le 26 février. Les salariéEs de l’entreprise sont invitéEs à nous faire part, s’ils ou elles le souhaitent, de leurs réflexions, avis, propositions, par mail à sudrailcaptrain@gmail.com.
SUD-Rail ne signera pas d’accord constituant une dégradation !