1. Rémunération
2. Frais professionnels
3. Conditions de travail
4. Ouverture de négociations
5. Rétroactivité
La dernière réunion de la Négociation Annuelle Obligatoire (NAO) 2024 chez Captrain France aura lieu le 7 mars prochain. Dans ce cadre, les organisations syndicales (OS) devaient transmettre leurs revendications à la direction au plus tard le 23 février. Après avoir fait comme chaque année le tour de la plupart des sites de l’entreprise pour récolter les revendications, voici les propositions qui seront défendues par SUD-Rail.
Avec un taux d’inflation moyen de 4,9% sur l’année 2023, l’enjeu de cette NAO est le même que l’année dernière : obtenir une augmentation de la rémunération au moins égale à ce taux d’inflation, c’est-à-dire ne rien perdre. Toute augmentation de la rémunération inférieure à 4,9% signifierait une perte de salaire définitive, non rattrapée, sur l’année 2023.
Devant cet enjeu qui nécessite un rapport de force le plus large possible face à la direction, SUD-Rail Captrain, première OS de l’entreprise et favorable à un syndicalisme unitaire, a, comme chaque année, invité courant février les autres OS à une réunion inter-syndicale destinée à définir des priorités communes dans la négociation à venir ; invitation restée sans réponse…
En cas d’accord inacceptable de la coalition direction-CGT-UNSA au détriment des salarié.es, fondé sur le défaitisme régressif et résigné du « c’est mieux que rien… », SUD-Rail Captrain sera à la disposition de tou.tes les salarié.es déterminé.es à se mobiliser pour obtenir plus que ce qui aura été conclu par la coalition patronale.
Une NAO 2024 à la hauteur des enjeux nous concerne tou.tes, car le nombre de collègues qui attendent le résultat avant de potentiellement démissionner est plus important que jamais (après un record de démissions en 2022, battu par un nouveau record en 2023 !). Or des collègues qui démissionnent, ce sont des conditions de travail qui se dégradent pour celles et ceux qui restent.
La direction, dont le bilan social est catastrophique (les effectifs ont chuté d’une centaine depuis l’arrivée en 2020 de l’actuel Président), a l’impérieuse responsabilité d’aller dans le sens de SUD-Rail.
Rémunération
Augmentation générale
Il faut augmenter significativement les salaires pour que l’ensemble du personnel reste dans l’entreprise et que d’autres aient envie de venir. Rattraper l’inflation moyenne de 4,9% en 2023 nous maintiendrait à zéro : c’est le minimum. Mais pour l’avenir de l’entreprise, on ne peut pas se contenter du minimum : il faut rendre attractif nos métiers, dès l’embauche, et surtout pour les plus bas salaires, afin de permettre des conditions de travail normales et une qualité de vie digne. Ce n’est pas un problème de mettre les comptes de l’entreprise dans le rouge pour les deux-trois prochaines années s’il le faut, comme le font toutes les entreprises ferroviaires. Nos vies valent plus que leurs profits !
Nous avons besoin cette année d’une grille des salaires minimum, qui soit bien au-dessus de la branche ferroviaire, qui rende transparente l’organisation salariale dans l’entreprise (qui mette fin à l’obscurantisme général sur les salaires dans l’entreprise depuis les nouvelles classifications), qui prévoie une progression salariale en cas de progression de classe (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui) et qui réduise par le bas l’écart injustifié de la moyenne des salaires entre les cadres en haut, les ouvriers et agents de maîtrise en bas.
Enfin, nous avons besoin d’un salaire de base drastiquement augmenté. Intégrer la prime de fin d’année dans le salaire de base est une solution (à peu près 200 euros de plus en moyenne dans le salaire de base mensuel). Cela nous permettrait non seulement de percevoir l’équivalent de l’intégralité de la prime, même en cas d’arrêt de travail dans l’année (aujourd’hui elle est attribuée seulement au prorata du temps de travail effectif dans l’année), mais surtout d’augmenter à la fois la prime d’ancienneté, les primes de nuit, les indemnités de congés payés, les indemnités de jour férié, les indemnités journalières en cas d’arrêt, qui sont toutes corrélées au salaire de base. Certes, il n’y aurait plus une « double paie » à la fin du mois de novembre, mais sur l’ensemble de l’année, nous gagnerions plus.
Pour ces raisons, SUD-Rail revendique une augmentation générale des salaires à travers l’instauration d’une grille des salaires de base mensuels bruts minimum, intégrant la prime de fin d’année :
Et parce que c’est insupportable pour tout le monde de constater chaque année une différence de traitement pour les cadres + chefs de site qui sont exclus de la négociation collective pour subir la logique impitoyable, arbitraire et inégalitaire des augmentations individuelles, SUD-Rail revendique la fin des augmentations individuelles, la fin des traitements exceptionnels, l’intégration dans la NAO collective de toutes les rémunérations des cadres, au même titre que les autres salarié.es.
Prime de MTP
En février 2023, constatant l’augmentation progressive du nombre de primes de Modification Tardive de Planning (MTP) non payées et les différences d’interprétation de l’encadrement selon les sites et les régions de l’entreprise, SUD-Rail Captrain notifiait à la direction et aux autres OS une demande de révision de l’accord d’entreprise d’harmonisation sociale concernant la disposition relative à cette prime de MTP. La direction s’était alors engagée à la redéfinir plutôt dans le cadre de la prochaine NAO, reconnaissant la complexité du texte de l’accord, les pratiques différentes entre les sites, l’écart existant sur ce sujet avec les autres entreprises ferroviaires. Suite à cette démarche, il est déjà confirmé que la prime de MTP sera redéfinie et revalorisée. Mais comment et de combien ?
SUD-Rail revendique une disposition la plus simple et claire possible, qui reconnaisse au fond que toute modification du temps de travail doit faire l’objet d’un dédommagement pour atteinte à la vie personnelle : que ce soit à la prise ou la fin de service, à résidence ou en déplacement ; peu importe le motif du changement tant que c’est indépendant du ou de la salarié.e ; versée cumulativement pour toute modification (deux primes si deux modifications du temps de travail dans la même journée) ; qui reconnaisse que plus la modification est importante, plus l’impact sur la vie personnelle est important ; qui reconnaisse que les modifications de calendrier de travail sont les plus nocives pour la vie personnelle.
C’est pourquoi SUD-Rail revendique un dispositif qui distingue les modifications des heures de travail d’une part (changement d’heure de PS et/ou de FS d’un jour travaillé), prévoyant des échelons selon la durée de la modification, et les modifications de calendrier de travail d’autre part (repos qui devient jour travaillé et inversement) dans les conditions prévues par l’accord de branche relatif à l’organisation du travail :
Prime de nuit
Parce que le travail de nuit fait de nos emplois des métiers pénibles, qui attaquent nos corps, qui réduisent notre espérance de vie, qui nous contraignent à des modes de vie personnelle en décalage avec la société, la contrepartie, si tant est qu’il y en ait une possible, doit s’approcher davantage du préjudice subi. Et parce que la prime actuelle, sous forme de pourcentage, est injuste au sens où celleux qui ont un salaire de base plus élevé ont une prime de nuit plus élevée, alors même qu’une heure de travail de nuit constitue la même contrainte pour tout être humain, il faut revenir à un montant uniforme. Pour ces raisons, SUD-Rail revendique une revalorisation de la prime de nuit portée à 5 euros / heure de nuit.
Prime de RHR
Parce que les déplacements, qui nous empêchent d’être chez soi tous les jours en compagnie de nos proches, sont une contrainte supplémentaire pour le personnel roulant, il faut faire progresser ce dispositif de compensation par la redéfinition et revalorisation de la prime de RHR. Actuellement, cette prime est décomptée à partir de la 16ème heure après la prise de service à résidence : c’est incompréhensible. SUD-Rail revendique une prime de RHR décomptée à partir du début du RHR (à partir de la fin de service hors résidence) jusqu’à la fin de service à résidence, et portée à 3 euros de l’heure, au lieu du misérable 1,50 euro…
Prime de visite technique
Pour le personnel sédentaire « sécu » habilités aux visites techniques, SUD-Rail revendique l’intégration de la prime de visite technique dans le salaire de base, soit 192 euros par mois équivalant à 12 visites par mois. Cette mesure permettrait de gonfler encore le salaire de base d’un certain nombre d’OFS, ce qui leur permettrait, d’une part, d’augmenter davantage à la fois la prime d’ancienneté, les primes de nuit, les indemnités de congés payés, les indemnités de jour férié, les indemnités journalières en cas d’arrêt, qui sont toutes corrélées au salaire de base, et d’autre part de percevoir l’équivalent du maximum possible par mois en prime de visite technique, même si moins de 12 visites ont été réalisées dans le mois. Cette mesure viendrait reconnaître leur qualification particulière, indépendamment du nombre de visites effectuées.
Indemnité d’astreinte (non cadre)
Beaucoup de personnels sédentaires sont concernés par les missions d’astreinte, qui sont par définition contraignantes pour la vie personnelle. Afin de reconnaître à une plus juste valeur le préjudice subi, SUD-Rail revendique la revalorisation de l’indemnité d’astreinte (non cadre) portée à 35 euros / 24 heures.
Frais professionnels
L’inflation moyenne alimentaire a été de 11,8% sur l’année 2023, et continue d’augmenter très légèrement en ce début d’année. Tout le monde peut le constater : il n’est plus possible de faire un repas normal (entrée, plat, dessert) sans dépasser les indemnités forfaitaires actuellement pratiquées dans l’entreprise. Nous sommes souvent contraints de payer pour travailler ! Ce n’est pas acceptable. SUD-Rail revendique la revalorisation de toutes les indemnités de frais professionnels pour les porter à hauteur des plafonds URSSAF :
- Revalorisation de l’indemnité de « repas en déplacement » portée à 20,70 euros.
- Revalorisation de l’indemnité de « panier en déplacement » portée à 10,10 euros.
- Revalorisation de l’indemnité de « panier hors déplacement » portée à 7,30 euros.
- Revalorisation de l’indemnité de « panier nuit » portée à 7,30 euros.
- Revalorisation de l’indemnité de « couchage » portée à 74,30 euros.
Conditions de travail
Redéfinition des heures de nuit
Parce qu’une heure de travail de nuit constitue la même contrainte pour tout être humain, il n’y a pas lieu d’opérer une distinction entre le personnel sédentaire et le personnel roulant, comme le fait l’accord de branche relatif à l’organisation du travail. SUD-Rail revendique que la même plage horaire 22h-7h soit considérée comme travail de nuit pour tout le personnel, roulants comme sédentaires.
Heures supplémentaires
Puisque les roulements ne sont jamais appliqués dans l’entreprise, que les cycles, par conséquent, n’existent pas en réalité, il est injuste de lisser le décompte des heures supplémentaires sur un cycle fictif. Partant du principe qu’il est préférable qu’il n’y ait aucune heure supplémentaire effectuée dans l’entreprise, ce qui serait le signe d’une organisation du temps de travail de qualité, mais constatant que de fait les salarié.es pâtissent de la mauvaise organisation du travail et du sous-effectif chronique, SUD-Rail revendique le décompte des heures supplémentaires à la semaine et non au cycle.
Service de réserve et service facultatif
Les modifications de planning n’en finissent pas. Les refus de demande de congés repartent à la hausse. Les dépassements du temps de travail maximal sont récurrents, tout comme les repos réduits ou les repos remplacés par une journée de service. Que ce soit par manque d’effectifs, par mauvaise organisation du travail, à cause d’un aléa en ligne, d’un collègue malade ou en congés, de SNCF Réseau ou des clients, ce sont toujours les travailleurs/ses de terrain qui font les frais de plannings modifiés sans cesse, parce qu’il n’y a personne pour les remplacer et qu’ils sont contraints d’en faire plus. Ce n'est pas acceptable de se voir modifier son planning parce qu’un collègue est absent ; ce n’est pas acceptable de devoir dépasser les temps de travail parce que l’entreprise ne prévoit pas la possibilité d’un remplacement de personnel en cas d’aléa ; ce n’est pas acceptable de se voir refuser sa demande de congés sous prétexte que seules une ou deux personnes peuvent prendre congés simultanément. Pour une entreprise de meilleure qualité, SUD-Rail revendique un investissement conséquent dans l’organisation du travail, par l’intégration obligatoire de lignes de réserve dans les roulements, selon le schéma suivant :
- une ligne de réserve pour les roulements comprenant 4 à 5 semaines ;
- deux lignes de réserve pour ceux comprenant 6 à 10 semaines ;
- trois lignes de réserve pour ceux comprenant 11 à 13 semaines.
Parallèlement, SUD-Rail revendique la sollicitation des réservistes pour pallier les absences et événements imprévus, le service de réserve étant prévu pour cela dans l’accord de branche relatif à l’organisation du travail : remplacer un collègue en congés ou en arrêt, remplacer un collègue qui a subi des aléas et qui n’est plus dans les limites des règles RH. Cette pratique favoriserait la prise des congés, le respect des règles RH, améliorerait considérablement les conditions de travail.
Et afin de ne pas imposer des modifications de planning inhérentes à la sollicitation des salarié.es sur les services de réserve, SUD-Rail revendique la mise en place d’une plate-forme numérique centralisant les besoins en termes de journées de service facultatives, et permettant aux réservistes habilités, dans la limite du respect des règles RH, d’être automatiquement informés des besoins, et sur la base du volontariat, de s’auto-désigner pour la prise en charge de la mission à couvrir. Ce dispositif permettrait à l’entreprise de « sauver » des trains tout en laissant tranquille le personnel non flexible, au lieu de lui imposer des contraintes qui portent atteinte à la vie personnelle.
Règles RH
Parce qu’il n’y a pas de raison de penser que le temps de travail d’un personnel sédentaire (OFI) ou sédentaire « sécu » (OFS ou CMRNFP) est moins coûteux pour le corps que celui d’un personnel roulant, SUD-Rail revendique l’alignement des durées de temps de travail effectif maximum, de repos minimum, du nombre de repos périodiques annuels minimum du personnel sédentaire sur ceux du personnel roulant, tels que prévus dans la convention collective de la branche ferroviaire.
Et parce que l’instauration de la semaine de 4 jours de travail fait son bonhomme de chemin ces derniers temps dans le pays, que Captrain France a l’occasion d’être à l’avant-garde, SUD-Rail propose de faire évoluer la disposition existante, actuellement limitée à un repos périodique double, en revendiquant le droit à un repos périodique triple non modifiable sur le planning 5 semaines : vendredi-samedi-dimanche ou samedi-dimanche-lundi. Le temps de travail est fait pour pouvoir profiter de son temps de loisirs !
Contrôle Girafon
Parce que nous n’avons aucune vue sur la gestion des repos compensateurs (de nuit ou en cas de repos réduit), ni sur les heures supplémentaires réalisées par semaine, SUD-Rail revendique l’ajout d’un module sur Girafon permettant aux salarié.es de contrôler la gestion des repos compensateurs conformément à la convention collective de la branche ferroviaire et de contrôler le nombre d’heures de travail effectuées dans la semaine.
Un tel module serait l’occasion d’ajouter la possibilité de contrôler l’ensemble des primes ou indemnités dues par journée de service, ce qui favoriserait la régularisation des erreurs de paie.
Télétravail
Le télétravail a progressé dans notre société ces dernières années. Malgré quelques contraintes, il est globalement apprécié à la fois par les employeurs et les salarié.es qui peuvent y prétendre (exclusivement les encadrant.es), y compris chez Captrain France où il existe le droit à 2 jours de télétravail par semaine. Avec la réduction considérable de trajets polluants domicile-travail, l’intérêt écologique est évident. C’est pourquoi SUD-Rail revendique dans l’entreprise le droit à 3 jours / semaine de télétravail pour les salariés concernés.
Ouverture de négociations
Facilités de circulation
Parce que l’accord de branche relatif aux nouvelles classifications et rémunérations minimales prévoyait pour les entreprises ferroviaires la possibilité de mettre en place les facilités de circulation dès le 1er janvier 2024, que l’UTP et la SNCF n’ont en fait pas encore finalisé le dispositif, mais que celui-ci le serait pour la fin d’année 2024, SUD-Rail demande l’ouverture de négociations au troisième trimestre 2024 pour la mise en place dans l’entreprise de facilités de circulation, avec l’engagement de la direction d’une mise en place le plus tôt possible.
NAO 2025
Comme les élections professionnelles dans l’entreprise, fin 2023, ont perturbé l’échéance habituelle des NAO de fin d’année en obligeant la direction et les OS à reporter cette NAO 2024 en ce début d’année, SUD-Rail demande l’ouverture de négociations au quatrième trimestre 2024 au titre de la NAO 2025, afin de retrouver les échéances habituelles.
Rétroactivité
Et enfin, comme aux échéances habituelles, la négociation a lieu en décembre pour une entrée en vigueur des nouvelles dispositions le 1er janvier suivant, cette fois-ci, afin de ne pas perdre les deux mois déjà écoulés de cette année, SUD-Rail revendique d’une part une rétroactivité au 1er janvier de toutes les mesures de l’accord ayant des incidences pécuniaires, et d’autre part une régularisation au plus tard le 30 avril, afin que le retard ne prenne pas plus d’ampleur.