Suite au droit d’alerte déposé le 13 mars dernier et après avoir contacté environ 250 salariéEs dans le but de recueillir un maximum d’information sur les conditions de travail difficiles qu’engendre la pandémie de Coronavirus, la délégation SUD-Rail VFLI a rédigé et lu en séance, lors de la réunion ordinaire du CSE du 19 mars 2020, une déclaration pointant du doigt notamment les conditions de travail des salariéEs de l'entreprise dans ces circonstances exceptionnelles, puis a réclamé un certain nombre de mesures conformes aux doléances des salariéEs, visant à remédier aux situations de danger grave et imminent face au Coronavirus. Nous tenons cette déclaration à disposition de toutE salariéE qui nous en fera la demande.
Nos demandes
- la mise à disposition de chaque salariéE et sans interruption d'un kit de protection individuelle minimal composé de gants jetables, gel hydroalcoolique, lingettes désinfectantes ;
- l'appel à un service de nettoyage à vapeur sèche et de désinfection des postes de conduite après chaque utilisation d'une loco-motive ;
- la mise à disposition des salariéEs de voitures de service ou de location, avec la garantie de la désinfection avant usage, pour remplacer tous les EV ;
- des réservations uniquement dans les hôtels soumis à de hautes exigences d'hygiène ;
- la reconfiguration des plannings de manière à solliciter le moins de personnel possible et à limiter drastiquement les RHR ;
- le tri entre les trafics faisant l'objet d'une réquisition préfectorale (trains essentiels pour lutter contre le virus) et les trafics inutiles qui doivent être suspendus jusqu'à nouvel ordre ;
- le recours au chômage partiel sans perte de salaire.
La réponse
- Faute d'anticipation, tous les sites ne sont pas fournis en moyens de protection.
- AucunE salariéE ne devrait être contraintE d'aller travailler tant que ces moyens ne sont pas à disposition !
- Aucune intention affichée de suspendre les trafics non indispensables : les salariéEs sont donc jetéEs en pâture. Chaque jour, nous apprenons qu'unE collègue de plus est en arrêt de travail pour risque de contagion.
Malgré nos demandes, la Direction continue de faire circuler des trains non indispensables, alors que toutes les conditions de sécurité ne sont pas remplies, exposant donc sciemment les salariéEs au danger de maladie mortelle. Non seulement nous, salariéEs, mais égale-ment nos proches, familles, amiEs, collègues. Comme en temps de guerre, ce sont les ouvrierEs qui sont envoyéEs au front pour défendre les intérêts du patronat. Rien ne nous oblige à accepter cette situation, rien ne nous oblige à mettre des vies en danger... Un trafic qui ne fait pas l'objet d'une réquisition préfectorale est un trafic inutile qui contribue à la propagation du virus ! Seuls les trafics essentiels servent la lutte contre ce virus !
Par conséquent, nous rappelons à touTEs « les collègues à risque » selon les critères du Haut Comité de Santé Publique, qu’ils ont la possibilité de se mettre en arrêt en s’inscrivant sur www.ameli.fr et en prévenant leur employeur. Pour les autres, ils ont la possibilité de faire usage de leur droit de retrait, individuellement ou collectivement, si ils/elles jugent avoir une raison légitime d’être face à un danger grave et imminent. Pour ce faire, nous invitons les salariéEs concernéEs à appeler leur chef de site afin de voir si une solution les mettant hors de danger leur est proposée, et à défaut, de refuser leur prise de service. Les élus Sud-rail restent à l’entière disposition des salariéEs si besoin.
La santé et la sécurité doivent primer sur la production et les demandes des clients !
Le droit de retrait fait l'objet d'une disposition claire dans le code du travail : « Aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut être prise à l'encontre d'un travailleur ou d'un groupe de travailleurs qui se sont retirés d'une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu'elle présentait un danger grave et im-minent pour la vie ou pour la santé de chacun d'eux ».
Infos : Certaines entreprises préfèrent retenir le salaire des salariéEs qui, la boule au ventre, se retirent d'un danger de mort plutôt que de respecter la loi. Si tel est le cas, ces dernierEs seront donc contrain-tEs, une fois le danger écarté, de se lancer dans une longue procédu-re aux prud'hommes pour récupérer ce qui leur est dû. Sud-rail sera évidemment prêts à accompagner touTEs les salariéEs qui seront amenéEs à entrer dans cette démarche.
Pour rappel, le jeudi 13 mars, la France comptait 10,995 cas confirmés et 372 personnes décédées. A ce jour, ce chiffre est de 40,174 cas confirmés pour 2,606 décès, sachant que ces chiffres n’incluent pas les décès des malades non dépistés. D’après les dires du Président de la république lors de son allocution du 25 mars 2020, le pire est devant nous, le pic de propagation n’étant pas encore atteint, celui-ci étant attendu pour ces deux prochaines semaines. Ne prenons pas cette maladie à la légère. Nous ne sommes pas face à une simple maladie mais face à une maladie qui TUE !