1. Pourquoi un tel changement ?
2. Ce qui va changer
3. La direction s'engage
4. Restons vigilants !
Le 1er mars 2020, Frédéric Delorme prenait la tête de TFMM (Transport Ferroviaire Multimodal de Marchandises), l’entité de SNCF Logistics dont fait partie VFLI. Le 10 juin 2020, il annonçait la décision de renommer VFLI en CAPTRAIN FRANCE à compter du 1er janvier 2021.
La direction de VFLI, sans consulter le CSE qu’elle a maintenu dans l’ignorance totale tout au long de ces discussions au sein du Groupe SNCF, communiquait le 11 juin à l’ensemble des salariéEs cette nouvelle, à la surprise générale, en annonçant qu’Alain Ribat, actuel président de VFLI, serait remplacé par Stéphane Derlincourt, directeur de Fret Combi Express chez Fret SNCF, dès ce 1er juillet 2020.
Il aura donc fallu attendre la réunion du CSE du 25 juin 2020 pour avoir quelques informations sur ce soudain « changement de nom ».
Pourquoi un tel changement ?
Selon la direction, cette décision s'inscrit dans la volonté d’une part de donner un nouveau souffle à VFLI en élargissant son terrain de jeu vers l'international, et d’autre part de clarifier un certain nombre de marques au sein de TFMM.
- Aujourd'hui, l'international chez VFLI, c'est à peine 6% du chiffre d'affaires : il y a donc une marge de manœuvres pour conquérir des « parts de marché » dans ce domaine.
- Des clients souhaitent être accompagnés pour des trafics de la France vers un pays limitrophe. Pour les satisfaire, ce sera plus facile à gérer en lien avec une filiale CAPTRAIN européenne.
- Cette nouvelle envergure permettra de continuer à prendre des « parts de marché » à la « concurrence », que ce soit en France et en Europe, ou que ce soit à la « concurrence » ferroviaire hors Groupe SNCF et la route.
- La marque VFLI est totalement inconnue à l'étranger. Demain, il sera plus facile de dire qu'on s'appelle CAPTRAIN parce que CAPTRAIN est une marque connue.
- La marque VFLI (Voies Ferrées Locales et Industrielles) n'est plus conforme à la réalité d'aujourd'hui qui ne se limite plus à des trains locaux dans les Landes ou dans le Morvan, qui ne se limite plus seulement au domaine de l'industrie, mais qui a vu son périmètre d’intervention s’étendre largement.
- Ce changement de nom permettra d’être mieux identifiable au sein même de la SNCF. VFLI est connue mais pas forcément très bien identifiée. CAPTRAIN est plus connu à l'intérieur du Groupe SNCF.
- Ce changement de nom permettra à l’entreprise de bénéficier des efforts de marketing et de communication qui sont mis en place par les autres membres du réseau CAPTRAIN : il est plus simple de pousser la notoriété d'une seule marque.
CAPTRAIN est une marque internationale de transport de fret de la SNCF. Il s’agit d’un ensemble de sociétés filiales du périmètre de TFMM qui, sans former un groupe, ont toutes cette même marque. C'est la marque que la SNCF s'est choisie il y a quelques années pour faire valoir son activité de transport de fret ferroviaire à l'étranger. Ce réseau CAPTRAIN est implanté dans 12 pays (et donc bientôt en France avec CAPTRAIN France), et se concentre sur les principaux corridors européens de fret ferroviaire qui génèrent le plus de profits.
Ce qui va changer
Selon la direction, il ne s’agit pas d’un rachat, ni d’une fusion, ni d’une faillite : il s’agit simplement d’un changement de nom. Seules la raison sociale et la marque vont changer.
- Evidemment, le flocage des locomotives, des voitures, des enseignes et autres, changeront aussi.
- Au niveau des trafics, les salariéEs seront amenéEs à travailler davantage sur des flux internationaux.
- Concrètement, la direction se dit prête à se donner les moyens de développer l'usage des langues étrangères dans l’entreprise, c’est-à-dire à mettre l’accent sur la formation aux langues et à recruter dans le futur des salariéEs plus à l'aise avec la pratique des langues étrangères.
- Devront se développer également les locomotives inter-opérables. Certaines locomotives de l’entreprise, quelques Euro4000 et futures locomotives Euro4001 qui seront reçues en début d'année prochaine, sont déjà inter-opérables vers certains pays. Mais l’entreprise devra développer un parc d'engins moteurs qui puissent traverser certaines frontières, afin d’éviter des changements de locomotive aux frontières qui sont toujours des « ruptures de charge » supplémentaires et qui sont donc pénalisants en termes de « compétitivité » du mode ferroviaire, par rapport à certains « concurrents » ferroviaires et routiers.
La direction s'engage
La direction a insisté sur le fait que l’entreprise n'est pas rachetée, ni vendue, ou quoi que ce soit d’autre : elle est simplement rebaptisée. Sur les conséquences d’une telle opération pour les salariéEs, la direction s’est donc engagée à plusieurs niveaux.
- Cette décision n’entraînera pas des chamboulements dans l’entreprise, puisque ce n’est pas une opération juridique. Par conséquent, il n'y aura aucune conséquence sur les accords d'entreprise qui sont en vigueur dans l’entreprise. Autrement dit, il n’y aura aucune perte de salaire pour les salariéEs, la mutuelle sera conservée, de même que les instances représentatives du personnel, etc. Absolument rien ne changera.
- L’entreprise restera présente et continuera à se développer sur son socle français constitué des activités RFN, ITE et Travaux. Aucune perte d’activité, et donc d’emplois, liée à ce changement.
- Il n’y a aucun plan de restructuration derrière ce changement de nom. Il ne faut pas s’imaginer un plan de bataille faisant que l’entreprise va complètement changer, avec des suppressions d’emploi, etc. « Il n'y a aucune restructuration qui soit liée au changement de nom ou qui soit la conséquence de ce changement de nom ».
Restons vigilants !
Chez SUD-Rail, on attend de voir. Autant cette nouvelle page de l’histoire de VFLI peut représenter une opportunité de voir les salaires, les conditions de travail s’améliorer parallèlement à un effectif qui, progressivement, grandira proportionnellement à des activités en hausse ; autant certains indices nous laissent… septiques.
- Une nouvelle aussi soudaine, provoquée par l’arrivée d’un nouveau responsable à la tête de TFMM, montre que la direction de VFLI ne contrôle pas du tout la situation.
- Le contournement total du CSE, que la direction n’a ni consulté en amont, ni informé en aval, révèle non seulement qu’elle est prise de court, mais surtout qu’elle a bien l’intention de maintenir les salariéEs éloignéEs d’un projet qui n’est pas du tout le leur.
- Toute la stratégie de CAPTRAIN est fondée sur les grands corridors commerciaux où les marges de profits sont plus grandes. Comment ne pas s’inquiéter de la disparition, à moyen ou long terme, des activités notamment ITE qui rapportent moins, et de la suppression des emplois concernés ?
- Les traffics trans-nationaux vont prendre une part grandissante. Les CDL des différents CAPTRAIN seront amenés à pousser leurs missions toujours plus loin dans les pays limitrophes. Comment ne pas s’inquiéter d’un dumping social tirant touTEs les salariéEs vers le moins-disant ?
- La direction insiste sur le fait qu’il n’y a de changement que le nom et rien d’autre. Pourtant, dans la même annonce, on apprend que le président de VFLI quitte l’entreprise. Ce dernier affirme qu’il s’agit d’une « coïncidence d'agenda », qu’il n'y a aucun lien entre cette décision de changer de nom et son départ. Peut-on vraiment le croire ?
SUD-Rail ne peut qu’inviter l’ensemble des salariéEs à rester vigilantEs sur le long terme, à s’organiser dès maintenant pour suivre de près les décisions stratégiques, économiques et sociales de CAPTRAIN France, et se tenir prêtEs à la mobilisation si nécessaire, pour défendre touTEs ensemble nos intérêts ! Faisons nous-mêmes de CAPTRAIN France une entreprise de qualité !