1. Ce qui a été obtenu
2. Pourquoi nous avons signé
3. Restons lucides et mobiliséEs
L’accord de NAO qui a été trouvé ce 14 décembre chez Captrain France n’est pas ordinaire. C’est l’un des meilleurs accords de l’histoire de l’entreprise qui prendra effet au 1er janvier 2022. Même si le contexte inflationniste du pays atténue considérablement la portée de cet accord, le fait est qu’enfin la direction a montré par un geste fort qu’elle entendait SUD-Rail.
Ce qui a été obtenu
- Une augmentation générale de 2,7% des salaires bruts mensuels de base pour les salariéEs des groupes 1 à 5.
- Augmentation des salaires bruts mensuels de base de 3% pour les OSS au seuil 1 et de 4,9% pour les OFI au seuil 1 :
Emploi | Seuil 1 | Seuil 2 : 1 an | Seuil 3 : 2 ans | Seuil 4 : 3 ans | Seuil 5 : 6 ans | Seuil 6 : 9 ans |
Opérateur Ferroviaire Industrie | 1668,37€ | 1678,38€ | 1688,45€ | 1698,58€ | 1729,34€ | 1760,65€ |
Opérateur Sécurité au Sol | 1770€ | 1780,62€ | 1791,30€ | 1802,05€ | 1834,68€ | 1867,91€ |
- Revalorisation de la grille des primes d’ancienneté pour les salariéEs des groupes 1 à 5 :
- Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 275 euros bruts.
- Bonification de la prime MTP portée à 50 euros bruts par modification tardive de planning pour toute modification portant sur une journée initialement prévue en repos périodique en vue de la remplacer par une journée de service (si prévenu à moins de 48h de la journée modifiée).
- Revalorisation de la prime AATTX à 10 euros bruts par journée de service comprenant des missions d’AATTX.
- Les enveloppes au titre du mérite sont reconduites de sorte que :
* 0.25% de la masse salariale brute de 2021 sera versé en primes exceptionnelles selon des critères d’attribution (initiative positive, adaptation au besoin du client, performance dans la qualité de service, volontariat pour mission exceptionnelle) ; maximum 3 primes par an par salarié ; montant minimum 75 euros et maximum 200 euros.
* 0.25% de la masse salariale brute de 2021 sera versé en primes exceptionnelles pour l’engagement global sur l’année du salarié selon l’appréciation du supérieur hiérarchique ; versée en décembre 2022.
- Télétravail : conditions d’éligibilité réduites à un an d’ancienneté sur le poste + l’indemnité forfaitaire mensuelle portée à 20 euros bruts.
- Revalorisation de l’indemnité de repos journalier hors du domicile (indemnité de « couchage ») à 48 euros.
- Revalorisation du ticket restaurant à 9,25 euros (part patronale = 5,55 euros ; part salariale = 3,70 euros).
- Chèques vacances : 120 euros pour les agents de maîtrise et cadres et 130 euros pour les autres catégories.
- Démarche avec l’AGEFIPH pour faciliter l’insertion professionnelle des travailleurs/euses handicapéEs.
- Ouverture de négociations au premier semestre 2022 sur l’affichage et la diffusion des communications syndicales, sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la qualité de vie au travail, et sur les classifications et rémunérations minimales.
Pourquoi nous avons signé
- Jusqu'à aujourd'hui, la plus grande augmentation générale des salaires (AG) dans l'entreprise depuis qu'elle est habilitée RFN, donc depuis 2007, était de 2,55% (à l'époque 3% pour les groupes A et B et 2,1% pour les groupes C et D, soit une moyenne de 2,55%). Cette AG record était intervenue en 2012, il y a 10 ans déjà. Depuis, les AG n’ont cessé de voler très bas. Par conséquent, les 2,7% conclus dans cet accord NAO 2022 constituent la plus grande AG de l'histoire de l'entreprise.
- Avec l’entrée en vigueur anticipée de la nouvelle grille d’ancienneté, 3⁄4 des salariéEs des groupes 1 à 5 vont bénéficier en réalité dès le 1er janvier 2022 d’une augmentation de leur salaire brut mensuel de base de 5% en moyenne (au moins 3% ; au plus 12,5%). Du jamais vu dans l’entreprise.
- Cet accord représente une augmentation de la masse salariale totale de l'entreprise d’environ 3,65%, ce qui en fait, de ce point de vue-là, le second meilleur accord NAO de l'histoire de l'entreprise après celui de 2009 (plus de 4%), et assez loin devant celui de 2012 (3,15%) ; ce qui confirme qu'on se situe sur un accord de très haut niveau, relativement à l'histoire de cette entreprise.
- SUD-Rail avait prévenu : nous revendiquions un geste fort de la part de la direction, au minimum une AG historique ; à défaut, pas de signature. La direction l’a entendu, même s’il a fallu d’âpres négociations. Ce minimum acceptable étant obtenu, les adhérentEs de SUD-Rail Captrain sont restéEs fidèles à leur engagement initial en décidant, après consultation, de signer.
- Durant la négociation, les trois organisations syndicales (CGT, SUD-Rail, UNSA), pourtant parties sur des bases très différentes, ont convergé pour faire front uni notamment sur les salaires de base. Cette unité a sans aucun doute contribué à obtenir une AG historique : elle devait donc se concrétiser jusqu’à la signature. L’unité syndicale dans la défense réelle des intérêts des salariéEs est et restera toujours un objectif pour SUD-Rail.
- Depuis des années, SUD-Rail ne cesse d’insister sur le niveau insuffisant des salaires, sur la pénibilité extrême des conditions de travail, sur les atteintes aux vies personnelles, sur la désorganisation de l’entreprise et sur le manque de reconnaissance envers l’ensemble des efforts fournis coûte que coûte par les salariéEs. En acceptant d’honorer la revendication minimale de SUD-Rail, la direction a montré qu’elle savait enfin entendre. Il était donc important de lui montrer que son geste fort et inédit va dans le bon sens, afin de l’encourager à poursuivre dans le sens du développement d’une entreprise de qualité.
Restons lucides et mobilisé(E)s
- Le niveau des accords NAO a toujours été particulièrement bas dans l’entreprise. Aboutir à l’un des meilleurs accords NAO de l’histoire de l’entreprise ne signifie donc pas forcément qu’il s’agisse d’un accord de haut niveau social du point de vue objectif du contexte politique, économique et social du pays ou même du secteur ferroviaire.
- Cet accord reste très loin des 300 euros d’augmentation mensuelle revendiqués par SUD-Rail, donc très loin d’un salaire juste dans l’entreprise. Même si le geste minimum attendu a été obtenu, il reste beaucoup à faire pour construire une entreprise de bonne qualité sociale. Seule l’implication d’un maximum de salariéEs de l’entreprise pourra le faire entendre à la direction et à l’actionnaire !
- Un certain nombre de primes reconduites ou revalorisées dans cet accord, à la demande des autres organisations syndicales ou imposées par la direction, ont forcément empêché d’augmenter davantage les salaires de base.
- Même si la nouvelle grille d’ancienneté représente une avancée significative et inédite pour les salaires de base des salariéEs de l’entreprise, il ne s’agit en réalité que d’une anticipation de 6 mois de la transposition au sein de l’entreprise du nouvel accord de branche « Classifications et rémunérations » qui vient d’être signé. Toujours est-il que cela permettra aux salariéEs de Captrain France de mieux traverser la crise inflationniste des prochains mois, par rapport à la majorité des salariéEs du pays.
- Enfin, la « fête » est en effet gâchée par les taux d'inflation actuels qui secouent le pays et l’économie mondiale. Ces taux d’inflation élevés réduisent considérablement la portée de cette augmentation de la masse salariale et des salaires de base, puisqu’ils réduisent significativement le « pouvoir de vivre » des salariéEs. Certes, la direction n’est pas responsable de la mauvaise gestion de la pandémie par les dirigeants du pays ou de l’insatiabilité des producteurs pétroliers des Etats-Unis ou d’Arabie Saoudite (l’entreprise en fait les frais également), mais elle aurait dû convaincre sans relâche l’actionnaire de mettre les moyens adaptés à cette situation particulière.