3 mai 2021
Coup de poignard dans le dos !
3 mai 2021
Sommaire

1. A quoi sert le recours à une expertise ?

2. Trahison en séance !

Le 29 avril 2021 se tenait une réunion ordi­naire du CSE de Captrain. A l’ordre du jour, une fois n’est pas cou­tume, figu­rait un point por­tant sur la dési­gna­tion d’un cabi­net d’expertise pour pro­cé­der au diag­nos­tic d’une part de la situa­tion éco­no­mique et finan­cière de l'entreprise et d’autre part de sa poli­tique sociale et condi­tions de tra­vail. On ne sau­ra jamais ce que les éluEs CGT et UNSA ont fait perdre aux salariéEs !

A quoi sert le recours à une expertise ?

Le code du tra­vail oblige l’employeur à consul­ter le CSE sur un cer­tain nombre de sujets. Il existe notam­ment trois consul­ta­tions récur­rentes obli­ga­toires : sur la situa­tion éco­no­mique et finan­cière de l’entreprise, sur la poli­tique sociale, les condi­tions de tra­vail et l’emploi dans l’entreprise, et sur les orien­ta­tions stra­té­giques de l’entreprise.

Chaque année en prin­cipe, l’employeur four­nit les infor­ma­tions néces­saires aux membres du CSE, qui doivent donc émettre un avis sur cha­cun de ces thèmes. Mais chez Captrain, un accord d’entreprise moins bon que le code du tra­vail per­met à l’employeur de ne consul­ter chaque année les membres du CSE que sur la situa­tion éco­no­mique et finan­cière d’une part, et sur la poli­tique sociale, les condi­tions de tra­vail et l’emploi d’autre part. La consul­ta­tion sur les orien­ta­tions stra­té­giques n’a lieu qu’une fois tous les trois ans.

Quoi qu’il en soit, pour émettre un avis lors d’une consul­ta­tion récur­rente, le CSE a le droit de recou­rir à un cabi­net d’expertise. Les infor­ma­tions sur ces sujets étant tou­jours très com­plexes et poin­tues, le recours à des experts per­met d’obtenir en moins de 2 mois des rap­ports pré­cis, chif­frés, com­plets, objec­tifs et com­pré­hen­sibles par les salariéEs, qui per­mettent aux éluEs du CSE d’émettre un avis éclairé.

En l’occurrence, dési­gner un cabi­net d’expertise en vue des consul­ta­tions récur­rentes pré­vues cette année et por­tant, d’une part, sur la situa­tion éco­no­mique et finan­cière de l’entreprise en 2020, et d’autre part sur la poli­tique sociale, les condi­tions de tra­vail et l’emploi en 2020, aurait per­mis, par exemple, de savoir dans le détail (à plus forte rai­son pour une année aus­si pénible que celle que nous avons traversée) :

  • Comment l’entreprise est pas­sée d’un bud­get pré­vi­sion­nel de – 20 mil­lions d’euros (ce qui a per­mis à la direc­tion de com­pres­ser les salariéEs à tous les niveaux), à un résul­tat final de + 1,5 mil­lion d’euros ;
  • Comment l’entreprise a géré l’impact finan­cier des grèves SNCF pro­vo­quées par le pro­jet de des­truc­tion du sys­tème des retraites vou­lu par Macron ;
  • Comment l’entreprise a géré éco­no­mi­que­ment, finan­ciè­re­ment et socia­le­ment l’impact de la pan­dé­mie de Covid-19 ;
  • Pourquoi l’entreprise a refu­sé d’indemniser à 100 % les salariéEs qu’elle a placéEs en chô­mage partiel ;
  • Où va l’argent des salariéEs, et com­bien, au sein de Rail Logistics Europe et du Groupe SNCF dont fait par­tie Captrain ;
  • Comment l’entreprise mène sa poli­tique de for­ma­tion et de fidé­li­sa­tion, qui conduit à des vagues suc­ces­sives de départs de salariéEs ;
  • Quel est le bilan des jours épar­gnés sur CET et des congés « perdus » ;
  • Quel est le bilan des repos dus ;
  • Comment l’entreprise mène sa poli­tique d’évolution des salaires ;
  • Etc. (tout ce que les salariéEs auraient vou­lu savoir sur ces thèmes).

De tels rap­ports auraient per­mis aux salariéEs, sans aucun doute, de décou­vrir un cer­tain nombre de réa­li­tés de l’entreprise, comme c’est régu­liè­re­ment le cas lors de recours à une exper­tise. Sur la base de tels rap­ports, les orga­ni­sa­tions syn­di­cales seraient notam­ment arri­vées mieux armées pour les NAO de fin d’année et les négo­cia­tions d’accords pré­vues, et auraient sans aucun doute obte­nu beau­coup plus d’améliorations dans l’intérêt des salariéEs.

C’est aus­si très sain pour l’entreprise de faire appel, au moins de temps en temps, à une inter­ven­tion exté­rieure, pour garan­tir que la direc­tion ne reste pas cloi­trée dans ses habi­tudes et ses sché­mas, les­quels peuvent tout à fait dégé­né­rer abu­si­ve­ment dans son propre inté­rêt au détri­ment des salariéEs, sans que les membres du CSE aient les com­pé­tences pour le savoir.

Le recours à un cabi­net d’expertises ne coûte abso­lu­ment rien au CSE pour ces deux consul­ta­tions récur­rentes : c’est l’employeur qui paie. Et ça en vaut poten­tiel­le­ment le coup pour les salariéEs. Il n’y a rien à perdre, et tout à gagner.

Trahison en séance !

Ce recours à une exper­tise n’aura pas lieu cette année, faute de majo­ri­té abso­lue à l’occasion du vote lors de la réunion du CSE. Pour qu’une réso­lu­tion du CSE soit vali­dée, il faut obli­ga­toi­re­ment un vote favo­rable d’au moins la moi­tié des éluEs présentEs + 1. Ce jour-là, toute la délé­ga­tion du per­son­nel était pré­sente, soit 16 membres ayant voix déli­bé­ra­tive. Il fal­lait donc au mini­mum 9 votes « pour », afin que la réso­lu­tion soit adop­tée.
Le vote a don­né le résul­tat suivant :

  • Les 7 éluEs SUD-Rail + 1 élu CGT ont voté « pour », ce qui fait 8 votes « pour » ;
  • 5 élus CGT + 1 élue UNSA ont voté « contre », ce qui fait 6 votes « contre » ;
  • 2 élus UNSA ont voté « abstention ».

Il a donc man­qué une seule voix pour adop­ter la résolution…

Que la direc­tion fasse un dis­cours insis­tant avant le vote, pour convaincre les membres du CSE de ne pas voter « pour », n’a rien de sur­pre­nant : elle n’a aucu­ne­ment envie que des experts mettent le nez dans son busi­ness et révèlent poten­tiel­le­ment des scan­dales, ou quoi que ce soit qui entache encore sa crédibilité.

Que les éluEs UNSA ne votent pas « pour » n’a rien de sur­pre­nant non plus : essen­tiel­le­ment dans l’encadrement et pro-direction, il n’y a rien à attendre de leur côté pour défendre les inté­rêts des salariéEs.

Mais concer­nant la CGT, c’est une honte !
Cette déli­bé­ra­tion a été ins­crite à l’ordre du jour, à la demande de la délé­ga­tion SUD-Rail por­tant la demande de salariéEs, qui a consul­té aupa­ra­vant la délé­ga­tion CGT. Cette der­nière a confir­mé qu’il y aurait suf­fi­sam­ment d’élus CGT pour voter « pour », signi­fiant que la réso­lu­tion serait donc adop­tée. C’est la rai­son pour laquelle elle a été ins­crite à l’ordre du jour. A défaut, évi­dem­ment, elle n’y aurait pas été ins­crite.
Et en séance, le moment venu, un seul élu CGT vote « pour » et 5 autres votent « contre » !

Un coup de poi­gnard dans le dos de SUD-Rail, mais sur­tout un désa­veu pour l’ensemble des salariéEs de l’entreprise !

Ce sont les salariéEs qui se voient privéEs d’un droit pré­cieux, d’une infor­ma­tion cru­ciale, et sur­tout poten­tiel­le­ment de tout ce que les rap­ports d’expertise leur auraient appor­té à tra­vers notam­ment des accords d’entreprise de plus haut niveau, ce qui aurait pu être consi­dé­rable ; mais on ne le sau­ra jamais...

Bravo et mer­ci au seul élu CGT pour son cou­rage et sa fidé­li­té aux valeurs authen­tiques de la CGT !

Au niveau inter­pro­fes­sion­nel, la CGT est sans aucun doute l’une des orga­ni­sa­tions syn­di­cales qui a le plus recours à des exper­tises, his­to­ri­que­ment com­bat­tive et atta­chée à user des droits conquis pour ser­vir au mieux les inté­rêts des salariéEs.

Mais chez Captrain, la CFDT (oups, par­don), la CGT n’a rien à voir avec la CGT : com­plè­te­ment docile, elle ne fait abso­lu­ment rien dans l’intérêt des salariéEs, dès lors que, pour ce faire, elle devrait frois­ser un tant soit peu la direc­tion… Il n’y a que chez Captrain qu’on peut voir la CGT faire échouer le recours à une expertise !

La CGT chez Captrain est foca­li­sée sur la pré­ser­va­tion et le sau­ve­tage de son petit appa­reil et de son image, quitte à pac­ti­ser avec l’air du temps patro­nal s’il le faut, plu­tôt que sur les inté­rêts pro­fonds et durables des salariéEs. Il suf­fit de consul­ter les procès-verbaux des réunions de CSE et les accords d’entreprise signés pour mesu­rer l’écart abys­sal qui la sépare d’une CGT his­to­ri­que­ment et authen­ti­que­ment au ser­vice des salariéEs et du pro­grès social.

Rien de tel qu’une tra­hi­son de ce genre pour dété­rio­rer consi­dé­ra­ble­ment les rela­tions inter-syndicales. Or les salariéEs n’ont pas besoin de cela. La « guerre » inter-syndicale, sur­tout entre la CGT et SUD-Rail, fait évi­dem­ment le jeu de la direction.

Les salariéEs ont besoin de l’unité syn­di­cale en défense de leurs inté­rêts, sur­tout l’unité de la CGT et SUD-Rail. Si ce n’est pas le pro­jet de la CGT, nous invi­tons les salariéEs à conti­nuer de rejoindre SUD-Rail !

Plus nous serons nom­breuses et nom­breux,
mieux nous pour­rons défendre nos inté­rêts sans en être empêchés !

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