27 décembre 2024
Accord NAO 2025 : Une honte !
27 décembre 2024

Le 18 décembre der­nier s’est tenue la NAO 2025 chez Captrain France. Comme chacun-e sait, un nou­vel accord d’entreprise en est res­sor­ti, signé par l’habituelle coa­li­tion Direction-CGT-UNSA, et qui entre­ra en vigueur au 1er jan­vier 2025. SUD-Rail Captrain n’a pas signé. Cet accord est une cari­ca­ture d’offensive patro­nale contre nos salaires. C’est la pre­mière fois que la direc­tion s’attaque aus­si bru­ta­le­ment aux inté­rêts des salarié-es de l’entreprise.

Cette année, plus que jamais, nous étions en droit d’espérer du salaire. Le béné­fice net de l’entreprise bat des records (ce sera peut-être plus de 4 mil­lions d’euros à la fin de l’année), des divi­dendes ont été ver­sés à l’actionnaire, l’inflation des prix à la consom­ma­tion s’est contrac­tée sur un an, le chiffre d’affaires ne cesse d’augmenter depuis tou­jours, année après année. C’est une entre­prise sereine et solide qui peut comp­ter sur notre tra­vail ; la direc­tion pour­rait rai­son­na­ble­ment avoir confiance en nous pour l’avenir. Tout était réuni pour enfin « inves­tir » sur nous, pour nous faire gagner du pou­voir de vivre, en aug­men­tant signi­fi­ca­ti­ve­ment nos salaires de base, pour nous don­ner des rai­sons d’envisager un ave­nir durable dans cette entre­prise, et pour don­ner à d’autres l’envie de nous rejoindre. Une occa­sion inédite pour la direc­tion d’approcher l’entreprise du niveau sala­rial des EF concurrentes.

La direc­tion n’a pas confiance en ses salarié-es. Pour évi­ter de nous don­ner du salaire, le Président n’a ces­sé de rabâ­cher, comme chaque année, son réci­tal patro­nal cour­ter­miste : mal­gré les excel­lents résul­tats finan­ciers, il ne peut pas s’engager sur les années sui­vantes, du salaire sup­plé­men­taire met­trait en dan­ger l’entreprise, il y a des pertes de contrats non bud­gé­ti­sés pour 2025, il vaut mieux don­ner une prime en « one-shot », bla, bla, bla… C’est donc près d’un mil­lion d’euros qui ont été ver­sés sous forme de prime de « par­tage de la valeur » (PPV). Quasiment tout est mis là-dedans, le reste n’étant, pour l’essentiel, que des miettes.

Pourtant, cette entre­prise a connu bien d’autres NAO, dans des contextes beau­coup moins favo­rables, qui ont don­né lieu à de bien meilleures aug­men­ta­tions de la masse sala­riale et de bien meilleures aug­men­ta­tions géné­rales du salaire de base. D’autres entre­prises, réa­li­sant moins de béné­fices, étant moins solides sur le long terme, accordent de meilleurs salaires. La majeure par­tie des EF concur­rentes, expo­sées aux mêmes pro­blèmes sec­to­riels, offrent de meilleurs salaires. La réa­li­té, c’est que les patrons trouvent tou­jours com­ment finan­cer des aug­men­ta­tions sala­riales quand ils se sentent obli­gés. La direc­tion a donc fait un choix poli­tique, en rup­ture avec le récent pas­sé, contre nos salaires et nos inté­rêts, parce qu’elle s’en est sen­tie capable.

Pour ne pas mettre l’augmentation géné­rale (AG) à un niveau accep­table, la direc­tion a mul­ti­plié les primes. C’est la meilleure manière d’éclater nos salaires. Nous avons donc droit à une AG misé­rable et des miettes pour les seules primes et indem­ni­tés qui vont dans notre inté­rêt, celles qui rétri­buent les contraintes atta­chées à nos métiers (+0,20€ pour l’heure de RHR, des cen­times pour la prime de nuit, +5€ pour les primes de MTP, des cen­times pour les frais pro­fes­sion­nels), et rien sur les condi­tions de tra­vail. C’est une honte !

En revanche, en matière de primes qui servent les inté­rêts patro­naux, des moyens ont d’abord été mis sur la créa­tion de la prime conduite com­mer­ciale (PCC) à 5€ par JS. Le Président a impo­sé cette prime, coûte que coûte, sous pré­texte de favo­ri­ser les CDL afin d’endiguer les départs. Elle n’est en effet attri­buée qu’aux CDL, ce qui exclut tous les autres emplois, et seule­ment pour une JS qui consiste à tirer un train com­man­dé par un client pour réa­li­ser du trans­port de mar­chan­dises sur SFN, ce qui exclut par défi­ni­tion les ache­mi­ne­ments, les HLP, les mis­sions de manœuvres, de tra­vaux, de sau­ve­tages ou dépannages.

Ainsi donc, l’OFS, qui contri­bue au même titre à réa­li­ser un train com­man­dé par un client, n’y a pas droit… Et ce n’est pas du tout ces primes à la tâche qui vont évi­ter les démis­sions des CDL. Il s’agit d’une prime absurde, injuste, arbi­traire, qui ne sert qu’à divi­ser les salarié-es ! C’est une honte !

LES CDL QUITTENT CETTE ENTREPRISE A CAUSE DES SALAIRES DE BASE POURRIS !!

Toujours en matière de primes qui servent les inté­rêts patro­naux, la direc­tion a mis le paquet sur la mal nom­mée prime de « par­tage de la valeur » (PPV), men­son­gère dans son nom : 1000€ pour la majeure par­tie d’entre nous. Un mon­tant inédit qui en fait semble-t-il la mesure phare de cet accord. Le Président l’a impo­sée sous pré­texte de récom­pen­ser le tra­vail four­ni qui a don­né lieu à l'excellente année finan­cière 2024. Mais contrai­re­ment aux années pas­sées, il a refu­sé de dis­cu­ter la pos­si­bi­li­té de plu­tôt conver­tir son équi­valent en salaire. Cette année, c’était une « négo­cia­tion » où rien n’était négo­ciable. En fait, il s’agit d’une attaque inédite et bru­tale contre nos salaires et nos intérêts.

Qu’est-ce que la PPV ? Comme l’intéressement, il s’agit d’une prime exo­né­rée des coti­sa­tions sala­riales et des contri­bu­tions sociales (plus pré­ci­sé­ment, elle n'est pas exo­né­rée de l'impôt sur le reve­nu, de la CSG et de la CRDS, impôts payés uni­que­ment par les salarié-es, et non par l’employeur ; c’est pour­quoi la direc­tion parle abu­si­ve­ment de 1000€ « bruts »), ce qui signi­fie qu’aucune coti­sa­tion des­ti­née à notre pro­tec­tion sociale n’est payée, ni par la part sala­riée, ni par la part patro­nale. C’est toute la par­tie socia­li­sée de notre rému­né­ra­tion qui nous est léga­le­ment volée. C’est presque comme si on tra­vaillait pour être payé « au black ». C’est une honte !

La par­tie man­quante de notre rému­né­ra­tion fait que cette PPV, comme l’intéressement, a des effets néfastes très concrets sur nos vies. Puisqu’elle ne finance pas le sys­tème de pro­tec­tion sociale, du fait des exo­né­ra­tions, ce sont notre san­té (le niveau de rem­bour­se­ment de la consul­ta­tion, des médi­ca­ments, etc.), notre retraite (le mon­tant des pen­sions), notre chô­mage le cas échéant (le mon­tant de l’allocation), et nos allo­ca­tions fami­liales (notam­ment pour nos enfants, nos loyers, etc.) qui seront revus à la baisse. Ce sont donc autant de néces­si­tés vitales que nous devrons payer de notre poche, et qui nous coû­te­ront bien plus que 1000€. L’actualité poli­tique et sociale en France est là pour nous le rap­pe­ler ! Quand les patrons ne paient pas leur part, c’est à nous qu’on la fait payer ! Le sys­tème fran­çais de pro­tec­tion sociale, conquête du mou­ve­ment ouvrier et syn­di­cal, sans doute le plus abou­ti au monde, est notre meilleure garan­tie de sécu­ri­té dans la vie. Notre inté­rêt, c’est d’avoir du salaire brut plus élevé !

Le cas de la retraite est élo­quent. Concrètement, d’une part, cette PPV fait d’ores et déjà bais­ser notre future pen­sion de retraite, en fai­sant bais­ser la moyenne de nos 25 meilleures années prises en compte dans le cal­cul de la pen­sion : on se fait donc déjà ber­ner par un côté. D’autre part, toutes ces exo­né­ra­tions expli­quant le manque de recettes du sys­tème de pro­tec­tion sociale, les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs font régu­liè­re­ment des contre-réformes du sys­tème des retraites pour nous obli­ger à tra­vailler plus long­temps : on se fait donc encore ber­ner par l’autre côté. Et ce qui est pathé­tique dans cette grave affaire, c’est que, par­mi les signa­taires de telles mesures, res­pon­sables de ces reculs sociaux, en cas de contre-réforme du sys­tème des retraites, les uns s’insurgent, font grève et vont mani­fes­ter dans la rue, les autres se plaignent que les fer­me­tures tem­po­raires des postes d’aiguillages péna­lisent leur chiffre d’affaires…

Voilà ce à quoi contri­bue cette PPV ou le futur inté­res­se­ment déjà pro­mis, dans la mesure de ce qu’ils repré­sentent dans l’ensemble. Le Président de Captrain France est un cas­seur de salaires dans l’entreprise, et contri­bue, à son échelle, de concert avec d’autres patrons, à la des­truc­tion du sys­tème de pro­tec­tion sociale. Avec cet accord, la direc­tion a œuvré bru­ta­le­ment, avec le sou­tien des signa­taires, contre nos inté­rêts. C’est une honte !

Nos inté­rêts com­man­daient d’attribuer 50 euros sup­plé­men­taires dans le salaire de base brut men­suel des salarié-es des classes 1 à 5, gagnés pour la vie, en lieu et place de cette PPV ponc­tuelle de 1000€ : nous aurions été lar­ge­ment gagnants. Sans même consi­dé­rer les gains sup­plé­men­taires sur les primes cor­ré­lées au salaire de base. Et à « dépense » équi­va­lente pour l’entreprise.

Une seule orga­ni­sa­tion syn­di­cale (OS) a reven­di­qué cette PPV. Il s’agit de l’OS qui a fait 20,80% aux der­nières élec­tions dans l’entreprise, soit le plus petit score. La direc­tion est donc allée essen­tiel­le­ment dans le sens de l’OS qui repré­sente le moins de salarié-es dans l’entreprise : quelle estime de la démocratie !

Il ne fal­lait pas signer cet accord pro-patronal. Si des OS majo­ri­taires n’avaient pas signé, la direc­tion aurait été contrainte de prendre des mesures uni­la­té­rales, qu’elle aurait clas­si­que­ment revu au rabais pour que les salarié-es s’en prennent aux OS non signa­taires. Face à cette injus­tice, une grève uni­taire aurait alors été mas­sive et aurait faci­le­ment per­mis d’obtenir mieux. Signer un tel accord encou­rage la direc­tion à pour­suivre sa poli­tique contre les salarié-es. C’est sans aucun doute le pire accord NAO de l’histoire de l’entreprise. Peut-on envi­sa­ger de lais­ser pas­ser une telle attaque contre nos inté­rêts sans rien faire ?

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