1. Une bataille extrêmement juste
2. Un contexte défavorable
3. Nous ressortons plus forts qu'avant !
Le mouvement de grève lancé par SUD-Rail pour obtenir une augmentation des salaires de base, et qui a secoué Captrain France depuis le 20 janvier, a pris fin ce jour sur un échec : une direction complètement fermée n’a rien eu à lâcher face à un nombre de grévistes insuffisant. Mais nous sommes loin de n’avoir que perdu dans cette séquence.
Une bataille extrêmement juste
Dans une solide entreprise de fret ferroviaire d’environ 850 salarié-es, acteur majeur du secteur au niveau national, dont le chiffre d'affaires ne cesse d'augmenter depuis sa création il y a des dizaines d’années, dont le bénéfice net de 2024 a avoisiné les 3,5 millions d'euros (au point de verser des dividendes à l’actionnaire), filiale d’un Groupe SNCF qui réalise lui-même chaque année des milliards de bénéfices, mais entreprise qui pratique pourtant des salaires parmi les plus bas du secteur, il est absolument juste de revendiquer une augmentation supplémentaire des salaires de base.
C'est une bataille ultra importante qui se situe au carrefour du social et de l'écologie, et que nous ne lâcherons pas :
- Le développement du fret ferroviaire est une urgence absolue dans un contexte de réchauffement climatique ;
- Développer le fret ferroviaire, c'est assurer des salaires décents aux travailleurs/ses du rail qui subissent des conditions de travail pénibles (travail de nuit, horaires décalés, travail le dimanche et jours fériés) qui diminuent leur espérance de vie ;
- Assurer des salaires décents dans les entreprises du fret ferroviaire, c'est lutter contre les effets dévastateurs de la privatisation du secteur qui met les travailleurs/ses du rail en concurrence les un-es avec les autres, et donc lutter contre le dumping social qui tire tout le monde vers le moins-disant, et c’est avancer vers un service public de fret ferroviaire qui garantirait des conditions de travail et de rémunération optimum pour l’ensemble des travailleurs/ses du secteur en échappant à la course aux profits ;
- Assurer des salaires, plutôt que des primes exonérées de cotisations sociales, c'est garantir un système de protection sociale et de retraites par répartition viable, dans l'intérêt général, c’est garantir de meilleures pensions de retraite, c’est permettre une vie plus sereine sur le long terme.
Un contexte défavorable
- Le sort a voulu qu’un retard de démarrage de contrat à la Suite Rapide offre à la direction une réserve considérable de remplaçants de grévistes : à une semaine près, la situation aurait été tout autre.
- Nous sommes à un moment de la vie de l’entreprise où une partie importante de sa population a une faible ancienneté : c’est une population propice à ne pas exercer son droit de grève, par peur et inexpérience.
- Il n’y a aucune culture de la lutte dans cette entreprise, qui s’est développée dans un total désert syndical pendant des dizaines d’années.
Nous prenons acte que ce mouvement de grève ne s’élargira pas dans les prochains jours : il y a trop de non-grévistes.
Nous ressortons plus forts qu'avant !
- Nous avons mené un mouvement de grève historique dans l’entreprise : c’est la première fois que s’opère une action coordonnée à l’échelle nationale, aussi longtemps, dans cette entreprise éclatée en une cinquantaine de petits sites dispersés aux quatre coins de la France. Pour la plupart des grévistes, c’était leur première expérience. Ce que nous avons accompli est tout simplement extraordinaire.
- Il s’est agi d’un mouvement qui a manqué de monde mais qui, avec près d’une centaine de grévistes et des plans de transport bien perturbés, était loin d’être ridicule dans une telle entreprise.
- Avec plus de 6 000 euros dans la caisse de grève à ce jour, nous faisons la preuve d’un mouvement soutenu et d’une solidarité syndicale efficace.
- Des collectifs durables se sont constitués un peu partout dans l’action, des habitudes ont été prises, une expérience commune s’est forgée : nous pourrons aisément frapper plus fort quand le contexte le permettra.
- Nous avons fait la démonstration de la nécessité d’être organisé pour ne pas se laisser faire.
- Nous constituons la seule force à prendre particulièrement en compte dans les orientations stratégiques et les accords d’entreprise : nous veillerons à ce que des lignes rouges ne soient plus franchies dans cette entreprise.
Un grand bravo aux grévistes et un grand merci aux soutiens ! Nous avons gagné le droit de recommencer plus fort : RDV à la prochaine bataille !